On parle beaucoup de la suppression des émissions spécialisées qui étaient diffusées après minuit… Pourquoi avoir pris la décision de les arrêter en milieu de saison ?
Cette décision n'a pas été facile à prendre, nous l'avons prise pour plusieurs raisons. Quand nous avons mis en place ces émissions spécialisées, c'était pour que les artistes-animateurs fassent découvrir aux auditeurs d'autres talents que ceux joués à l'antenne pendant la journée. Aujourd'hui, nous avons un instrument, S**blog Music, qui permet à n'importe qui de mettre en ligne ses chansons et de les faire découvrir. On a vu récemment avec Kenza Farah, dont les quatre morceaux ont été écoutés plus de cinq millions de fois, que la communauté réagissait fortement. Kenza Farah a aujourd'hui signé dans une major et elle est jouée sur Skyrock. Il n'y a désormais plus besoin d'attendre minuit pour découvrir le rap underground, on peut se connecter à S**blog Music 24 heures sur 24. C'est un lien direct entre ceux qui créent et la communauté.
Cette décision a aussi été prise pour une raison pratique : on a besoin de ces tranches horaires pour former de nouveaux animateurs pour les tranches horaires de la journée.
Dans le milieu du rap, on parle beaucoup du clash entre Booba et Sinik qui s'est fait en grande partie sur votre antenne… Cela donne-t-il une bonne image de la radio ou vous préféreriez vous en passer ?
Les clashs font partie de la culture Hip Hop et de sa liberté d'expression. Il y en a toujours eu. Il faut juste qu'ils restent uniquement verbaux !
Est-ce que Skyrock va s'ouvrir à d'autres types de musiques, comme celles que l'on peut entendre sur Fun Radio ou NRJ ?
A priori non, parce que notre vocation depuis dix ans est de faire découvrir de nouveaux talents rap et RnB, et ça le restera, que ce soit sur la scène française ou internationale. Skyrock est aujourd'hui la radio nationale qui joue le plus de nouveaux talents francophones. Nous sommes une alternative à Fun Radio ou NRJ.
Cela fait maintenant dix ans que Difool présente la libre antenne du soir. Aucun changement n'est en vue ?
C'est une performance physique unique d'animer la tranche horaire du matin en plus de celle du soir. Difool a des résultats incroyables le soir (15-16 % de part de marché, une des plus grosses parts de marché toutes radios confondues). C'est quelqu'un qui domine cette tranche horaire 21h-minuit comme jamais quelqu'un l'a dominée depuis dix ans. Et il obtient également de bons résultats le matin. C'est lui qui décidera combien de temps ça va durer.
Quels rôles jouent le site internet et les skyblogs vis-à-vis de la radio ?
Les skyblogs sont un lieu d'échanges pour les internautes. Ils sont le complément de la liberté d'expression donnée par la radio libre de 21h à minuit avec les auditeurs qui s'expriment au téléphone. Dans le même esprit, les skyblogs Music sont le pendant de la musique entendue à l'antenne.
Quels sont les problèmes actuels du marché de la radio ?
Le gros problème récurrent depuis une dizaine d'années, c'est que l'on ne se bat pas tous à armes égales. Il faut que toutes les radios nationales puissent être entendues sur l'ensemble du territoire. En second lieu, les auditeurs de moins de treize ans ne sont pas pris en compte dans les sondages, c'est frustrant.
Pensez-vous que Skyrock devrait utiliser les podcasts ?
Pourquoi pas, mais le podcast est un format plus adapté aux programmes courts. Or les radios musicales comme nous possèdent peu de programmes courts.
Le téléchargement illégal est-il un danger pour la musique, et donc pour la radio ?
Bien sûr. Le téléchargement illégal empêche l'auteur, le compositeur, l'interprète et le producteur d'être rémunérés pour leur travail et c'est toute l'industrie musicale qui périclite. On peut s'étonner que les pouvoirs publics restent si passifs.
Tout le monde n'a pas été perdant dans cette crise. Les FAI sont les grands gagnants. La courbe de l'explosion de l'ADSL en France coïncide pile avec celle de la baisse du marché du disque. Si ca continue, il y aura une faillite. Nous savons que nous allons vers une dématérialisation du support. Pour permettre au marché du téléchargement légal d'exister, il faut absolument lutter contre le téléchargement illégal.
Le problème ne se résoudra pas en tapant sur le public, mais en trouvant une solution professionnelle entre FAI, producteurs-auteurs-compositeurs-interprètes, et les pouvoirs publics. Je suis certain qu'il est possible de mettre en place des systèmes rendant impossible l'accès à des sites de peer-to-peer.
Cette crise de l'industrie du disque met donc en péril la radio ?
On programme à l'antenne des disques produits par des maisons de disque. Si ces entreprises n'ont plus de marché et qu'ils ne produisent plus de disques, on va se retrouver dans une position délicate, c'est indéniable. Les pouvoirs politiques doivent prendre leurs responsabilités.
Le téléchargement, les lecteurs mp3… Tout cela a-t-il changé la façon d'écouter la radio ?
Je pense que ce sont surtout les sites communautaires type ###### Music ou Myspace qui vont modifier la manière d'écouter la radio. Avec les mp3, on constitue son monde, mais on en sort pour le nourrir, en écoutant la radio notamment.
http://www.imedias.biz/lemag/lemag-laurent...io-ou-10413.php