Mardi 12 juillet 2005, la décision a été prise d’annuler purement et simplement
la programmation rap de la guinguette de Lyon Capitale et du Studio 1.
Cette décision est prise au mépris des artistes qui devaient se produire toute
la semaine sur cette scène. Cette décision est surtout prise sans qu’aucune
justification ne nous soit donnée de façon claire. Tous les artistes ont
accepté de jouer le jeu, une fois n’est pas coutume, gratuitement. Accepter de
donner un spectacle gratuit représente un véritable préjudice financier. Les
répétitions, le spectacle, la communication propre à chaque artiste, autour
d’un événement, représente autant de travail non salarié. L’activité relève
alors plus du mécénat que du bénévolat. C’est donc avec surprise que nous
apprenons cette annulation, au mépris de nos engagements respectifs.
Suite à cette annulation, un certain nombre de questions se pose. Nous avons
aujourd’hui du mal à discerner le vrai du faux dans le flot de rumeurs mélangé
à quelques vérités échappées de façon indiscrète.
- Devons-nous considérer que la Mairie de Lyon a un rôle primaire ou secondaire
dans l’annulation de cette guinguette, ou au contraire qu’il s’agit d’un recul
simple des organisateurs ?
- Existe-t-il un lien entre les événements survenus la veille de cette
annulation et la décision d’annuler ?
- Quelle était la véritable motivation des organisateurs dans le fait de monter
une guinguette exclusivement hip-hop ?
En l’absence d’explications claires, nous tenons à apporter quelques éléments
sur la vision que nous avons de nos métiers.
La violence physique n’est pas reconnue comme une discipline du hip-hop. En
aucun cas, il ne peut nous être reproché l’attitude d’une minorité d’individus
sur-alcoolisés dans nos concerts. Ce type de problème se pose avec tous les
styles musicaux dits « festifs ». Nous regrettons parfois que la peur paralyse
certains organisateurs ou membres responsables du public, et empêche leur
intervention en cas de tension apparente.
Le rap est une musique et un art contestataire et revendicateur. Les propos de
certains artistes peuvent ne pas faire l’unanimité. Si certains programmateurs
et organisateurs revendiquent aussi cette attitude, il serait tout à leur
honneur qu’ils tiennent alors leurs engagements.
Nos arts sont parfois jugés trop « ethniques et banlieusards ». Lyon Capitale
nous reproche de par nos attitudes et nos propos de ne pas être conviviaux.
Dans toutes les soirées organisées autour des disciplines du hip-hop, nous
n’avons jamais enregistré de plaintes sur un éventuel refus d’entrée à une
personne portant costume et cravate. Convenons donc qu’en matière de
convivialité et d’accueil nous n’avons aucune de leçon à recevoir.
Cette annulation spécifique au Carré Hip-Hop, nous marginalise sur notre
expression artistique. Comprenez qu’il nous est difficile de croire encore à
vos promesses conceptuelles d’une société différente, sans ghetto physique ou
mental, sans journaliste débordant d’intérêts intéressés, sans programmateur «
obligé » de solliciter nos prestations gratuites!
Convaincus qu’une explication autre que mercantile ou discriminatoire peut être
apportée quand à l’annulation de la programmation de cette guinguette, nous
restons ouverts, comme toujours, au dialogue.
Etienne Gachet (manager)
Experimental (artiste)
Les Lynxs (artistes)
Dj Duke (artiste)
Jean-Marc Mougeot (journaliste, programmateur)
Gas (artiste)
Georges Praxis (artiste)
Les Gourmets (artistes)
Casus Belli (artiste)
Scratch Bandits Crew (artistes)